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— Ah ! ah ! me dit le père en souriant, ma fille vous a fait part de ses idées creuses, de ses espérances de rénovation sociale ; ces fous de philosophes qu’elle lit toujours lui ont tourné la tête ; et, non contente d’être la fille sans dot d’un pauvre gentilhomme ruiné, elle rêve un état d’égalité parfaite qui nous mettrait entièrement sur la paille. — Non, mon père, dit la jeune fille d’une voie claire et douce, notre modeste position est à l’abri du malheur que vous redoutez ; la révolution qui doit se faire en faveur du peuple ne peut atteindre ceux qui vivent humblement et pauvrement comme le peuple. — Merci du parallèle, répliqua le gentilhomme en relevant fièrement la tête ; grâce au ciel, ma fille, votre père, Jacques-François de Corday d’Armont, n’a rien de commun avec la populace dont vous rêvez l’émancipation, et j’espère bien que votre