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ces, nous faisions ensemble un petit voyage.

Une année, c’était en 1790, nous voulûmes voir la Normandie ; Rouen m’attirait : monsieur Pascal et sa famille avaient habité cette ville, il me semblait que j’y découvrirais des vestiges de leur séjour. Philippe, me laissant le soin d’explorer le passé, se livrait tout entier aux joies du présent : il avait l’esprit chevaleresque et aventureux ; quoique très positif dans ses amours, il cherchait dans toute aventure le charme de l’imprévu.

J’aimais avec passion la campagne de Normandie, et il ne refusait pas de m’y suivre ; chaque village, chaque métairie, lui offraient quelque beauté champêtre qu’il trouvait piquante de courtiser. Un jour, après une longue excursion à travers les belles prairies bordées de pommiers qui sont la richesse de ces contrées, nous arrivâmes près d’un hameau nommé les Ligneries. Bâti sur les rives d’un grand