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I

J’ai habité Paris dans ma jeunesse, j’y ai fait mes études ; je m’étais lié dès mon enfance avec un homme dont je ne vous dirai pas le nom ; si la suite de mon récit vous le fait deviner, gardez le silence : ce nom je ne puis, je ne veux pas l’entendre prononcer. Je nommerai mon ami Philippe : autant j’étais rêveur et studieux, autant il était riant et léger ; beau garçon, diseur aimable, esprit facile, il aimait la vie, la fortune, l’amour. À dix-neuf ans, nous sortîmes tous deux du collège ; lui fut destiné par sa famille à la magistrature, et moi je continuai à étudier librement pour me créer une carrière indépendante. Nous nous voyions souvent : sa nature expansive me captivait, comme un contraste à la mienne toujours prédisposée au recueillement. Chaque année, durant les vacan-