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Sainte-Beuve, il m’avait initié à la destinée de Port-Royal ; il s’était plu à nourrir mon adolescence du récit des miracles, des persécutions, des grandes œuvres de cette célèbre abbaye. Il parlait du miracle de la Sainte-Épine comme s’il l’avait vu. En nommant Pascal, il disait monsieur Pascal, et se découvrait avec respect. À Aix, M. George avait été surnommé le janséniste, et, loin de s’en défendre, il en était fier ; un de ses plus grands griefs contre la restauration avait été le rappel des jésuites. Je crois que cet amour de Port-Royal fut d’abord un culte de famille légué de père en fils ; mais, dans l’esprit cultivé de M. George, cette foi transmise s’était enflammée à tous les sentiments d’admiration que lui inspiraient le génie de Racine et celui de Pascal. Se trouvant à Paris à l’époque de la terreur, il avait pu réunir, dans ce temps de dilapidation des grandes