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leurs jambes et leurs pieds presque toujours nus. Parfois de grands enfants déguenillés traversent ces villages, poussant çà et là des troupeaux de vaches ou d’oies rétifs à leur direction. Souvent je descendais aux relais et j’entrais sous ces toits de chaume pour demander pour ma fille une tasse de lait. Le lait écumant et tout chaud m’était servi dans une petite jatte bien propre. Les femmes qui me le vendaient avaient un visage triste et un peu hébété, mais qui ne portait pas toutefois les traces de la souffrance et de la misère ; pourtant je ne pouvais me défendre d’un serrement de cœur en pénétrant dans ces sombres habitations, et en voyant où une fraction de la race humaine naît, vit et meurt. Une seule chambre, où sont plusieurs lits, sert pour toute la famille, et même pour les animaux domestiques, tels que chiens, chats, poules et cochons de lait. Autour de