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par lui. Que de sombres et sanglantes passions se sont agitées dans cette tour ! Je viens d’en parcourir l’enceinte aujourd’hui envahie par les broussailles et les arbustes sauvages. Je me suis assise sur la fenêtre en meurtrière qui domine la plaine au midi ; des festons de lierres, des rameaux de vignes et de figuiers sauvages pendent sur ma tête ; une pierre me sert de pupitre, et c’est de là que je vous écris. Je découvre un très beau panorama : d’abord le village et les fermes des environs ; de vastes terres couvertes de vignes, d’oliviers et de mûriers ; puis d’immenses saulées au bord des marécages ; puis enfin, au dernier plan, la ligue bleue du Rhône, des eaux duquel semble s’élever, un peu au nord, Beaucaire avec son vieux château, et, au midi, Arles, dont les monuments se détachent sur la transparence du ciel. Rien n’est plus doux à l’âme que ce ciel si lim-