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à la fête des nonnes de Sait-Césaire, la lune radieuse brillait au ciel dans tout son éclat ; les colonnettes du cloître dessinaient sur le préau leurs ombres dentelées ; la nuit était calme et tiède ; elle ne disposait pas à la tristesse, elle portait plutôt à une molle rêverie. L’archidiacre avait bien souvent, à la même heure, traversé les mêmes lieux ; le but de sa course était alors comme aujourd’hui l’abbaye de Saint-Césaire ; mais l’amour de Catherine n’avait jamais été pour lui qu’un amer et tyrannique plaisir, tandis que la tendresse pure et dévouée de Jeanne satisfaisait à la fois son orgueil et son cœur. Ici il se sentait le dominateur et non l’esclave ; Jeanne l’aimait avec effroi, mais d’un amour sans bornes, tandis que l’abbesse, au plus fort de son audacieuse passion pour lui, était toujours restée maîtresse d’elle-même. Ressentant un bien-être plein de charme de ce sentiment