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que, il avait espéré partager l’autorité de l’abbesse de Saint-Césaire et même l’attirer toute à lui ; il dut renoncer à cet espoir ; et, quand il vit qu’il n’était pour elle qu’un instrument de plaisir, il la prit en haine et jura de la renverser. On comprend quelle satisfaction il éprouva quand Jeanne d’Alcyn, dans sa candeur et son ignorance, s’offrit à lui pour servir ses projets. D’autre part, cette jeune fille si belle, si pure, si aimante ; cette compagne de son enfance dont il devinait l’amour dévoué, faisait renaître plus vifs tous les désirs émoussés de cette âme déjà corrompue : il avait aimé un démon, il allait être aimé d’un ange, cette volupté nouvelle l’attirait délicieusement. Cet homme n’était point foncièrement vicieux ; il était épicurien, et avait une ambition de demi-portée, c’est-à-dire qu’il recherchait les richesses et l’autorité sans trop briguer les honneurs, et les