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depuis mon enfance, par une mystérieuse affinité, mes penchants, mes sentiments, mes pensées, furent toujours comme un reflet des vôtres ; tant que vous restâtes dans le monde, il me sembla qu’on pouvait y vivre en paix et s’y sanctifier. Votre mère, amie de la mienne, vous amenait chaque jour à l’hôtel d’Alcyn ; je n’ai pas oublié tout ce que mon enfance vous doit de joies et de soins ; alors vous vous montriez compatissant pour ma santé débile, comme vous le serez aujourd’hui pour ma pauvre âme en peine. Je vous dus le goût de l’étude et de la réflexion : que de beaux livres nous avons lus et médités ensemble ! N’est-ce pas, mon frère, que ces temps étaient doux ? L’archidiacre pressa la main de la jeune fille, et eut encore un ineffable sourire. Jeanne poursuivit : — J’avais grandi, espérant ne vous quitter jamais ; vous entrâtes dans les ordres ; durant deux ans nous