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voris qu’il leur faut ; et si elles se méprennent dans leur choix, si elles trouvent un homme là où elles n’avaient voulu qu’un hochet, elles le brisent : témoin Élisabeth d’Angleterre et Catherine-la-Grande.

La mère Catherine de G. avait une de ces natures royales ; depuis quinze ans qu’elle était abbesse des nonnes de Saint-Césaire, elle avait beaucoup aimé, si l’on peut profaner le mot aimer en l’employant dans ce sens ; mais si, parmi ceux qui l’attiraient, elle découvrait par hasard quelque gentilhomme ambitieux voulant s’ingérer des affaires de son couvent et lui en disputer l’autorité, aussitôt sa nature de reine se révoltait, sa passion s’éteignait, ou plutôt était vaincue par une passion plus vivace, celle de l’ambition. Catherine avait un frère, gouverneur de Montpellier, jeune et beau comme elle, aimant comme elle à commander, et dont l’autorité