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faut, et sa figure d’une beauté parfaitement correcte ; ses grands yeux noirs avaient peut-être un peu de dureté dans l’expression, mais la blancheur de son teint et la séduction de son sourire en tempéraient le feu presque effrayant ; cette femme eût fait une belle et imposante reine ; elle le sentait et voulait que son abbaye lui fut un petit royaume. Elle portait ce jour-là une robe de velours blanc traînante, de coupe monastique, et un grand voile de dentelle de Flandre ; sur sa poitrine pendait une grande croix d’or et de diamants, signe de sa dignité. Fille de la noble maison de G., une des plus anciennes de la Provence, bien jeune encore, elle avait été élue abbesse des nonnes de Saint-Césaire, sous le nom de mère Catherine. Née pour commander, elle embrassa avec joie une vie qui lui assurait la liberté et la puissance ; elle trouva dans le cloître des