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et dont le christianisme n’adoucit qu’à moitié la sauvage nature[1], livra aux bêtes féroces les prisonniers qu’il avait faits aux Francs, désignés sous le nom de Bructères. Le carnage fut horrible, il dura plusieurs jours ; les animaux, rassasiés de sang et de victimes, finirent par reculer devant la chair humaine. Peut-être ces guerriers francs, morts dans l’arène, sont-ils nos pères ? Peut-être avons nous encore dans nos veines quelques gouttes de ce sang courageux si férocement répandu ?

Émue par ce souvenir historique qui se ranimait là comme une scène vivante, je restai quelques instants perdue dans la contemplation du passé et j’oubliai l’heure présente ; j’y fus rappelée par un chant grave et triste, montant vers nous d’un couvent voisin. À cette heure, au milieu de ces

  1. Voir la note à la fin du volume.