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du pont, elle soutient mon pupitre de voyage, et c’est là que je vous écris, monsieur. Le mouvement du bateau est si doux, quoique rapide, que je puis sans fatigue vous tracer bien des pages avant que nous touchions à l’embouchure du Rhône ; alors l’approche de la mer se fera sentir, le tangage et le roulis nous balanceront un peu rudement ; le mal de mer, ce mal fatal auquel personne ne peut se flatter d’échapper, nous contraindra peut-être à chercher le repos et la solitude des cabines. En attendant, goûtons le charme de cette splendide matinée, jouissons de la douceur des heures présentes. Arles, avec ses clochers et ses tours, va disparaître à mes regards ; je veux, par le souvenir, retourner avec vous dans cette ville romaine, tout empreinte de glorieux vestiges. Par vos études, par vos goûts, vous tenez au monde latin, monsieur, et vous aimeriez, j’en suis sûre,