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Il leur faut la cité. Sur cette même rive,
Marseille, caches-tu dans ton enceinte active
Un peuple qui, semblable aux vagues de la mer,
Heureux sous ton beau ciel s’agite libre et fier ?
Comprend-il l’avenir qui sera sa conquête ?
Sent-il, intelligent, fermenter dans sa tête
Tous ces nobles instincts, tous ces généreux cris
Que répandent au loin ses frères de Paris ?
Non, ce peuple qui plaît par sa rude franchise,
Liberté te repousse, et ne t’a pas comprise ;
Son intérêt grossier par ton règne blessé
Lui fait aveuglément regretter le passé ;
Il voudrait à l’exil redemander des maîtres
Rois par le droit divin et rois par leurs ancêtres,
Et quand le monde entier pressent la Liberté,
Pour culte il garde encor la légitimité 1

IV


Peut-être nous faut-il des passions rivales
Pour raviver en nous les croyances morales ?
Peut-être par la paix les esprits amollis
Se retrempent au choc des plus ardents conflits ?