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Où le ciel bienfaisant semble, sous ses rayons,
De la pauvreté même embellir les haillons ;
Là, la terre pour tous se sème et se moissonne ;
La vie est pour le peuple insouciante et bonne,
La chaleur, la lumière, ont pour lui des douceurs ;
Il recueille le fruit de faciles labeurs,
Et, sans trop de fatigue, enfin il peut connaître,
Au déclin de ses ans, le charme du bien-être.
Mais cet heureux climat où l’olivier fleurit
Développe le corps sans élever l’esprit ;
Le vœu du travailleur qui cultive la terre
Ne va pas au delà d’être propriétaire ;
Avoir pour sa famille et lui sa part du sol,
De son ambition c’est là le plus haut vol.
Du désir d’acquérir incessamment nourrie,
Son âme ne sent point l’amour de la patrie ;
Les intérêts de tous cèdent devant le sien,
Il n’a pas les vertus qui font le citoyen !
Fils de la grande armée, à peine s’il tressaille
Quand nous sommes vainqueurs sur un champ de bataille !
Mais de la dignité de l’homme et de ses droits
Rien ne pénètre encor dans ces cerveaux étroits !