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Et mon cœur se serrait ; et du haut de ce mont,
Qui se baigne à la Saône une chapelle au front,
Je voyais à mes pieds la ville humide et noire
De ses calamités me dérouler l’histoire.
Implacables fléaux, dans ces sombres réduits
Les fleuves débordés hier se sont introduits ;
Aujourd’hui la misère est là toujours pressante,
Elle excite au labeur la ville gémissante,
Torture l’ouvrier, et le condamne enfin
À mourir lentement de travail ou de faim.

Quand la nécessité plie et brise ces âmes,
Comment leur demander de généreuses flammes ?
Esclave du besoin, quand la chair dépérit,
Quel espoir aurait-on d’émanciper l’esprit ?
Cherchons ailleurs ; Lyon n’est pas toute la France ;
Partons, éloignons-nous de ce lieu de souffrance,
Où l’œil du voyageur ne saurait s’arrêter
Sans qu’un peuple expirant vienne l’épouvanter.

II


La rapide vapeur sur le Rhône m’entraîne
Aux champs de la Provence où la nature est reine,