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Qui ne trouve d’écho dans cette ville immense
Où l’idée a versé sa féconde semence.
Ici tout est compris, ici le peuple entend
La voix des précurseurs, et, comme eux, il attend
Un avenir meilleur ; il sent ses destinées
S’accomplir dans l’obstacle et grandir enchaînées ;
Patient, il n’a plus de soudaine fureur,
Il s’instruit et se forme à renverser l’erreur.

De ce peuple en voyant l’intelligence active,
Ceux qui l’ont éclairé pensent que l’heure arrive,
Qu’au rêve doit enfin succéder l’action.
Ils se trompent, Paris n’est pas la nation :
Sitôt qu’on est sorti de ce centre de vie
On ne rencontre plus qu’une foule asservie
Aux intérêts grossiers ; ses plus âpres travaux
N’ont pas de but moral ; les systèmes nouveaux
Épouvantent ces cœurs soumis à la routine
Et que n’éclaire plus l’étincelle divine.

Toi, poète du peuple et son fier défenseur,
De notre Liberté toi dont la Muse est sœur,
Béranger ! toi qui sais de ce peuple qui t’aime
Deviner les instincts, les vœux, l’avenir même ;