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nous séparâmes ; lui prit la route du village, moi je me dirigeai, à travers champs, vers un petit bâtiment dont les murs blancs réapparaissaient derrière les rameaux d’une allée d’amandiers. J’allais encore chercher dans ce lieu des impressions de deuil, mais du moins rien ici ne devait en troubler la tristesse et le recueillement. Cette blanche bastide, abritée par les arbres et bâtie au bord d’un gaudre (nom qu’on donne aux torrents dans ce pays), avait été la propriété de mon plus jeune frère. Hélas ! un an plus tôt il serait accouru vers moi sous sa verte avenue d’amandiers ; ses bras se seraient ouverts pour me recevoir ; mais aujourd’hui il n’était plus, il reposait auprès de notre mère. Flore, tel est le nom de cette pittoresque retraite, qu’il avait tant aimée, parut me sourire tristement lorsque je m’approchai. Ici le seuil ne me fut pas interdit