— Il faut vous dire, ma bonne dame, que je suis un berger indépendant, que ce petit troupeau m’appartient ; le coteau où nous sommes maintenant est un terrain communal, où tout le monde a le droit de venir ; souvent je porte un fusil, en gardant mon troupeau. Il y a huit jours, j’étais ici, à cette même place ; un lièvre passe, je le tire, je le tue, mais malheureusement il va tomber au pied du coteau, juste à la lisière des terres de ce grand coquin de Belge. Il était là, madame, à compter ses olives, et quand je voulus ramasser mon lièvre : — Cette bête est à moi, me dit-il, tu l’as tuée sur mes terres. Il savait bien le contraire ; il me parla longtemps pour me prouver qu’il avait raison ; cela m’exaspérait.
— Je n’ai pas une belle langue, lui dis-je en relevant mes manches de chemise, je ne puis pas lutter de paroles avec vous,