Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/19

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous voyez bien que vous êtes pour Marseille philosophe et démocrate ; c’est-à-dire un être abominable. — Mais du moins mon berceau me reste, m’écriai-je, ma chère ville natale ne s’est pas unie contre moi à cette coalition de cités. — Je voudrais vous laisser cette illusion, me dit la comtesse en me prenant les mains d’un air sérieusement comique, il faut pourtant que vous sachiez la vérité, l’affreuse vérité ; elle vous éclairera et vous détachera de l’ingrate patrie. — De quoi suis-je donc coupable ? je cherche en vain ; dans mes souvenirs sur Aix pas un mot ne m’est échappé qui ne respire l’affection la plus tendre, le respect le plus filial.

— Là, l’orage est venu d’un autre côté, et s’est amassé contre vous lourd, furieux, bruyant, comme ces pluies tonnantes du Midi, que vous préférez à nos placides pluies du Nord ! — Mais encore quel a été mon crime ? — Eh ! ma chère, n’avez-vous pas écrit la Provinciale à Paris ? Vous faites naître inconsidérément votre héroïne à Aix ; vous lui donnez le nom d’une famille que vous croyiez éteinte, comme celle des Lapalisse, mais qui a des héritiers en chair et en os, des alliances, des ramifications jusqu’en Béo-