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Viens, le village entier n’est-il pas ta famille ?
Ne t’ai-je pas bercée en t’appelant ma fille ?
Lorsque pour toi je prie, en m’adressant au ciel,
Ce nom échappe encore à mon cœur maternel ;
Oh ! viens le recevoir dans ma pauvre demeure ;
Il faut que je te voie avant que je ne meure :
Si la tombe et la haine ont brisé tes liens,
Mon cœur te reste encore ; il te rappelle ; oh ! viens ! »

Ce désir de ton âme est aussi dans la mienne ;
Oui, nous nous reverrons, femme tendre et chrétienne,
Humble cœur qui comprends, par l’amour et la foi,
Tous les grands sentiments dont l’instinct est en toi.
Oui, nous nous reverrons, et nous irons encore,
Du sommet des rochers, quand le soleil les dore,
Contempler à nos pieds ce vieux château fermé
À l’enfant que sa mère avait le plus aimé.

Tandis que je récitais tout bas ces vers, un homme en blouse, conduisant une charrette, passa près de moi dans l’avenue ; je crus reconnaître un ancien fermier : cet homme s’avança ; je ne m’étais point trompée.