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Des doux bruits d’autrefois tu n’entendis plus rien,
Ni les cris des enfants, ni la voix du vieux chien ;
Oh ! oui, tu dus pleurer quand dans les sombres salles
Ton regard vit passer les deux fantômes pâles
De tes vieux maîtres morts disant, les yeux baissés :
« Où sont les six enfants que nous avons laissés ? »
Et quand, des jours présents si remplis de tristesse,
Tu revins aux tableaux que le passé nous laisse,
Aux souvenirs riants qui se mêlent au deuil,
Ainsi qu’on voit des fleurs aux pierres d’un cercueil ;
Tu dus penser encore à ta jeunesse heureuse,
Quand tu vins au château, villageoise rieuse,
T’offrir pour prendre soin de l’enfant dernier né
Qu’à son heureux époux ma mère avait donné.
Oh ! comme tout riait alors dans la demeure
Si déserte, si triste et si sombre à cette heure !
Comme tout prospérait pour ces époux bénis
Qui voyaient autour d’eux six enfants réunis !
0 doux temps où, le soir, au banquet de famille
J’assistais sur ton sein toute petite fille,
Où le frère et la sœur tour à tour m’arrachaient
À tes bras, et vers moi souriants se penchaient !