Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

gée d’aller cueillir la feuille à Servanne. Me trouvant un jour toute seule à cueillir la feuille d’un mûrier de la cour, vis à-vis la cuisine du château, une tendresse me surmonta ; ne pouvant retenir mes larmes, je pleurai sans pouvoir me consoler ; je regardais de tous côtés ; je ne voyais ni maître, ni maîtresse ; enfin, l’on voit aujourd’hui Servanne comme un désert.

» Mouriès, le 21 juin 1841, Reine Picard. »

Ne trouvez-vous pas, madame, que rien n’est plus louchant que cette expression de vieux serviteur : « Je ne voyais ni maître ni » maîtresse. » Pour lui, comme pour le nègre fidèle, ceux qu’il a servis et qui ne sont plus sont toujours le maître et la maîtresse. J’avais répondu à Reine par des vers qui me revinrent alors en mémoire, et je les répétais, tristement assise sur cette hauteur