Nous franchîmes en vingt-cinq minutes, par le chemin de fer, la distance qui sépare Nîmes de Beaucaire. Aucun pays n’est plus triste que Beaucaire en l’absence de la foire ; cet ancien caravansérail de l’Europe devient en temps ordinaire un bourg désert et sans ressources, où je ne pus pas même trouver le plus modeste véhicule pour me transporter à travers champs au village de Mouriès. Je traversai le Rhône sur le pont si plein d’élégance et de hardiesse qui unit Beaucaire à Tarascon. De ce pont, la vue des deux villes est une des plus belles qu’on puisse avoir. Du côté de Beaucaire, de vastes pelouses entourées de grands arbres descendent jusqu’au rivage ; c’est là que se tient la foire ; au-dessus de ces masses de verdure, de hauts rochers nus élèvent jusqu’au ciel une charmante chapelle gothique, les ruines d’un château fort et les dé-