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instant vis-à-vis de ce lieu de misères ; quelques têtes pâles nous apparurent à travers les barreaux. Les jours de fêtes publiques, lorsque l’Arène se remplit de monde, lorsque quelque hardi tauréador lutte à outrance contre les indomptables taureaux de la Camargue[1] et en triomphe, sanglant, aux acclamations du peuple, on permet aux prisonniers de se suspendre aux étroites fenêtres, et de prendre aussi leur part du spectacle. Nous descendîmes jusqu’aux gradins inférieurs, et, à demi couchés sur une large dalle, nous contemplâmes longtemps l’ensemble de l’édifice : le ciel était sur nos têtes d’une ravissante pureté, çà et là quelques nuages blancs se mouvaient comme des flocons de neige sur ce bleu de saphir. Ce dôme naturel, d’une incomparable beau-

  1. Île du Rhône, voisine d’Arles, peuplée de chevaux et de taureaux sauvages.