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reuse ! non-seulement vous venez de parcourir l’Italie, cette terre de mes rêves, mais encore vous avez visité en passant Aix, Marseille, Arles, Nîmes, tous ces beaux lieux où je suis née, où j’ai vécu, où je voudrais vivre encore. Je n’ai plus qu’un désir : deux mois, deux mois des chères et douloureuses émotions que j’ai senties il y a un an, puis…

— Puis la mort, interrompit la comtesse avec un éclat de rire moqueur. Oh ! oh ! votre amour pour la Provence m’égaie ; je voudrais, pour vous en punir, vous condamner à vivre là-bas, loin de Paris, envers qui vous êtes ingrate, dont vous oubliez le climat sain, la délicieuse campagne, et par-dessus tout la société tolérante, aimable, intellectuelle.

— Mais tout cela est dans mon pays, lui dis-je, encore possédée par mon hallucination.

— Allons-donc, vous rêvez, ma chère. Aix est une ville sépulcre, où l’herbe croit dans les rues ; à Marseille j’ai craint de gagner la peste, tant les exhalaisons du ports sont infectes. Arles a déchiré mes pieds aux cailloux qui pavent ses rues  ; à Nîmes, le mistral a manqué de me lancer contre un mur ; nos pluies pa-