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par des trombes de moucherons, qui pénètrent dans toutes les demeures, et dont la piqûre agançante éloigne le repos des couches les mieux closes. Les impressions physiques, quelque désagréables qu’elles soient, s’effacent avec le temps, et cela se conçoit  : l’ame les domine  ; mais il faut une puissance plus grande pour effacer celles de l’esprit. Cette puissance, l’amour du pays l’exerçait en cet instant sur moi. Non-seulement la terre natale me semblait nn Éden, mais encore les provinciaux me paraissaient aimables, bons, tolérants, exclusivement vertueux. J’embrassais mentalement les beaux horizons de ma Provence, et je revoyais avec attendrissement ses habitants aimés.

Je fus arrachée à ma rêverie par un coup de sonnette retentissant, tels qu’en font entendre en arrivant chez moi les visiteurs haletants. On m’annonça la belle comtesse de X*** ; elle arrivait d’Italie. Ses traits noBles étaient voilés par sa magnifique chevelure dorée, qui semblait garder encore les reflets de ce soleil chaud, dont j’aurais payé si cher quelques rayons en ce moment.

— Oh ! lui dis-je après les premières paroles de bienvenue échangées entre nous, que vous êtes heu-