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était vraiment effrayant, car l’étroit terrain où les jeunes Bohémiens dansaient avec tant de souplesse et de grâce ne paraissait guère plus large à l’œil qu’une corde tendue. Aux mouvements pressés du tambour, les pas des danseurs devinrent durant un instant si vifs, si véloces, qu’enivrés par la danse ils paraissaient oublier tout danger, et dansaient là comme dans une vaste prairie. Tout à coup la jeune fille, après quelques tours de valse rapide, se suspendant d’une main à l’écharpe que soutenait son frère, détacha de l’autre quelques fleurs posées dans ses cheveux, elle les jeta du côté où nous étions assis et secoua la tête comme pour nous saluer ; en cet instant, tout son corps dépassait les bords de l’arche de pierre. Je laissai échapper un cri, et je fermai les yeux.

— Quoi ! ne craignez-vous rien pour vos