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nom ; mais cette particularité historique n’a pas laissé de traces dans le pays, tant les


    » Après la perte de sa fille, madame Dupin avait voulu se raidir, mais le coup était mortel. Elle continuait sa carrière, elle accomplissait ses devoirs ; loin de fuir sa douleur, elle vivait avec elle. Elle couchait dans la chambre où son enfant était morte. Souvent, assise auprès de sa fenêtre qui dominait les vastes jardins qui s’étendent derrière la rue d’Enfer, elle me disait : « Ma fille aimait à reposer les yeux sur ces grands arbres, sur ce clocher de la vieille église Saint-Jacques dont l’horloge remplaçait pour elle la pendule qui nous manquait, sur ce beau dôme du Val-de-Grâce ; comme elle, j’aime cette perspective, je mourrai en la regardant. » Un jour, comme je voulais la distraire de ces tristes pensées, elle me dit tout à coup : « Vous voyez ce dôme du Val-de-Grâce ; c’est là qu’Anne d’Autriche venait prier ; lorsque la mère de Louis XIV s’enfermait durant des semaines entières avec d’humbles religieuses pour implorer Dieu, elle était atteinte d’un mal horrible, d’un mal que madame de Motteville nous décrit avec des détails qui font frémir ;