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vivant dans l’égalité sociale la plus complète, car, à part le curé, le notaire, un ou

    gens ont besoin de moi, ce sont mes enfants. »
    » Lorsque madame Dupin commença à écrire, la révolution de 1830 venait d’éclater ; les idées politiques préoccupaient tous les esprits. C’était une époque peu favorable pour se faire une réputation littéraire ; et, sans un nom cité, comment gagner un peu d’argent ? Que de chagrins, que de luttes eut à supporter ce noble esprit ! à combien de travaux infimes elle descendit pour recueillir péniblement, jour par jour, le prix de la nourriture de ses trois filles et du loyer de l’appartement modeste qui les abritait ! Elle écrivit des contes d’enfants, des abrégés historiques, une mythologie dramatique qui eut un véritable succès et qui fut adoptée par la maison royale de Saint-Denis. À combien de portes de libraires elle dut frapper ! et, certes, il lui fallut un grand courage pour affronter les dédains ou l’ignorance de ces messieurs. Que de fois la pauvre mère dut répéter avec amertume les trois vers de Dante :

        Tu proverai siccome sa di sale