Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attirait et charmait ; elle allait porter aux pauvres des consolations et des aumônes, et elle sentait son âme revenir à la paix, presque au bonheur. Elle éprouvait pourtant un indicible malaise depuis le jour où elle avait goûté à cette crème aux amandes, elle sentait des douleurs d’entrailles qui souvent lui arrachaient des cris. Un jour, où elle avait été forcée de s’aliter, elle était plongée dans un demi-sommeil, lorsqu’elle crut entendre dans la cour le roulement d’une voiture ; elle s’élance à demi de son lit, et dit à une de ses femmes : — Ma mère, ma mère qui arrive ! — Non, madame, répond la femme de service qui s’est approchée de la fenêtre, ce sont M. l’abbé et M. le chevalier. La marquise de Gange laisse échapper un cri : — Mon Dieu ! que me veulent-ils ? dit-elle avec épouvante en cachant sa tête dans ses mains ; puis,