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des extraits méthodiques et raisonnes de ces ouvrages qu’il a composé ses Mémoires, modèles précieux d’exposition et d’analyse philosophiques dans lesquels le savant européen s’efface presque continuellement pour laisser parler les auteurs indiens, ce qui concilie à ces expositions abrégées des systèmes philosophiques de l’Inde le plus haut degré de confiance et de certitude possibles. Je me réserve de les caractériser plus au long dans une Introduction générale qui paraîtra plus tard.

Je dois dire quelques mots des additions que j’ai faites aux Mémoires de M. Colebrooke. Présumant que les personnes qui s’occupent du sanskrit[1] aimeraient à avoir sous les yeux les textes ou les passages les plus importants qui ont servi à la composition de ces Mémoires, j’ai tiré des manuscrits de la Bibliothèque royale de Paris et d’ouvrages sanskrits publiés à Calcutta, et j’ai imprimé en caractères latins les textes les plus anciens et les plus estimés de chaque école de philosophie, toutes les fois qu’il m’a été possible, de le faire.

Le manuscrit sanskrit, qui contient en 72 distiques du mètre Arya la doctrine Sânkhya de Kapila, porte sur chaque feuille le titre courant de सांख्यसू Sânkhya Sû., abrégé de Sânkhya-Sûtrân’i, au lieu de Sânkhya-Kârikâ, ce qui paraît être une erreur du copiste, car M. Colebrooke, dans une lettre dont je donne en note la traduction[2], déclare que les soûtras ou aphorismes des diverses

  1. Le nombre en augmente chaque jour, et il ne serait peut-être pas absurde de penser que la langue sanskrite, une fois sa grande importance reconnue, sera étudiée comme les langues grecque et latine, qui en sont dérivées.
  2. Voici la traduction de cette lettre, que je publie à cause des renseignements précieux qu’elle renferme :
    Argyll-street, London, 22 novembre 1832.
    « Monsieur,

    « Il y a déjà quelque temps que j’ai été favorisé de votre lettre du mois de septembre dernier que j’ai reçue pendant que j’étais à la campagne. Ma mauvaise santé, principalement depuis mon retour à la ville, m’a empêché d’y répondre plus tôt, espérant être plus capable de le faire, en attendant quelque temps. Mais cependant, ce voyant aucun signe d’amélioration, je veux faire aujourd’hui un effort pour vous répondre du mieux que je pourrai.

    « Je suis très-flatté de l’honneur que vous m’avez fait en traduisant mes Essais sur la philosophie des Hindous, et de la manière avec laquelle vous en parler. Vous ferez très-bien en transposant l’Essai sur le Vêdânta et celui sur les sectes hétérodoxes. L’ordre dans lequel ils ont paru dans les Transactions de la Société asiatique était