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relative à l’emploi qu’on en veut faire, on diſtingue deux qualités de mortier, l’un gras, l’autre maigre ; le premier ſert pour bâtir, le dernier pour les enduits : les ouvriers appellent donc mortier gras, celui qui ayant une plus grande proportion de chaux, comme un tiers, ſur deux autres parties de ſable, ſert à la liaiſon des pierres, ſoit pour murs, ſoit pour voûtes ; l’autre qu’ils nomment mortier maigre, conſiſte à y ajouter plus des deux tiers de ſable : celui-ci eſt donc utile aux enduits, mais non pas aux premières couches ; car elles doivent être faites avec le mortier gras, ſeulement pour la dernière couche, par la raiſon que le mortier maigre empêche toutes les fentes & crevaſſes qui arriveroient ſans l’abondance du ſable ſur la couche ſupérieure des enduits.

Les enduits ſur les murs de piſé ſont bien différens de ceux que l’on fait ſur les murs de pierres ; en outre, il faut prendre le tems favorable pour appliquer les enduits ſur le piſé.

Si une maiſon de terre a été commencée en février & parachevée en avril, elle peut être enduite dans l’automne, c’eſt-à-dire, cinq à ſix mois après ſa conſtruction ; d’où il réſulte que ſi elle a été faite & parachevée, à la touſſaints (tems où ceſſent ordinairement les travaux de la maçonnerie) elle peut recevoir l’enduit au printems ſuivant ; c’eſt une règle générale qui peut s’adopter dans tous les pays du monde ſelon leur température : par exemple, en Amérique, il eſt des tems pluvieux & ſecs ; dans ces contrées, on peut faire la bâtiſſe en piſé avant les pluies qui ſont des eſpèces d’hiver, & après on ne craint rien de les revêtir d’un enduit ; ainſi de tous les autres climats, ſoit de l’Europe, de l’Aſie & de l’Afrique.

La théorie de ces enduits ſe tire de l’humidité néceſſaire à la formation du piſé ; c’eſt pour laiſſer