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perſonne ſans intérêt & ſenſée en conviendra : elle verra dans cette pratique un outil de fer recourbé qu’un homme appuie avec les deux mains pour broyer & corroyer parfaitement la chaux avec le ſable. Voy. la plan. XII. Car quel eſt le but que l’on a lorſqu’on veut faire du mortier, ſi ce n’eſt de lier intimement la chaux avec les petits graviers ? cela eſt vrai, puiſque le ſable n’eſt autre choſe que la réunion d’une multitude de petits graviers, chacun d’eux ayant des pores ou cavités, ne s’attachera à la chaux qu’autant qu’un frottement dur & continuel fera entrer le liquide de cette chaux dans ces petites cavités & troux imperceptibles ; ainſi pour un gros travail, tel que celui du mortier, aucun outil ne peut mieux faire cette preſſion, & occaſionner la liaiſon intime de ces deux matières, que le rabot ou broyon de fer que je propoſe.

Si les bonnes méthodes ne ſe ſont pas propagées, c’eſt bien la faute des entrepreneurs & maîtres-maçons & non celles des ouvriers qu’ils emploient ; ces derniers parcourant la France, auroient pu faire changer les vieux uſages, ſi on les eût voulu écouter : mais pour gagner de l’argent, ils ſont forcés de ſuivre les routines des maîtres qui les paient. A Lyon, les maçons broient le mortier comme je viens de le décrire : à Paris, les mêmes maçons qui, au lieu de retourner à Lyon, viennent par caprice d’autres années travailler dans cette capitale, pétriſſent le mortier avec le moignon de bois que j’ai ci-devant décrit : s’ils veulent ſe ſervir du procédé qu’ils connoiſſent pour le meilleur, leurs nouveaux maîtres s’y oppoſent ; leurs ouvriers voient l’erreur, ſouffrent en étant forcés de ſe taire : je ſuis donc fort heureux de pouvoir deſſiller les yeux de mes compatriotes ſur de pareilles fautes, & je dois m’attendre de leur part à quelque reconnoiſſance.

Le degré où la juſte proportion du mortier eſt