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baiſſer & de ſe relever tenant l’outil incliné, ainſi qu’on l’apperçoit dans les figures 1 & 2, planche XII : mais il ne faut pas croire que les broyeurs puiſſent retirer leur rabot, s’ils ne donnent pas un tour de main ; pour y parvenir, ils ſont obligés en le retirant, de le faire tourner par côté pour laiſſer échapper le mortier qu’ils entraîneroient contr’eux, autrement ils en ſeroient trop fatigués : par cette adreſſe, ils ramènent facilement le rabot à eux ; c’eſt alors qu’ils le ſoulèvent un peu & le retournent appuyer ſur le tas de chaux & de ſable toujours en gliſſant, alongeant les bras & le corps, puis ſe relevant droit & faiſant ce mouvement ſans ceſſe, juſqu’à ce que les broyons aient bien corroyé la chaux & le ſable & les aient bien preſſés contre le ſol.

Après cette opération, les broyeurs deviennent à leur tour ſpectateurs du travail, & les manœuvres relevent avec leurs pelles le mortier étendu ſur la place en tas : lorſqu’ils l’ont mis autant qu’ils ont pu en forme pyramidale, les broyeurs à leur tour recommencent à corroyer, ainſi de ſuite. Lorſque les ouvriers s’apperçoivent que la chaux domine, ils y jettent de tems en tems pluſieurs pelletées de ſable, qui ſont de nouveau broyées avec la chaux juſqu’à ce que le mortier ſoit fait au degré qu’on le deſire ; c’eſt ce degré que j’indiquerai bientôt. Après que cette partie de mortier eſt aſſez corroyée & broyée, les manœuvres la jettent avec leurs pelles dans un coin de la place nette ou balayée, & retournent à la foſſe prendre d’autres pelletées de chaux, ſur leſquelles ils jettent du ſable ; les broyeurs enſuite font cette ſeconde broyée de mortier, puis une troiſième, même une quatrième, ſelon la conſommation plus ou moins grande qu’en font les maçons qui l’emploient.

Voilà la bonne manière de faire le mortier ; toute