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& la remue pour en faire la pâte : dans un baſſin, ce mauvais outil eſt traîné par les ouvriers pour amalgamer la chaux avec le ſable, & il ne parvient à bien faire ce mélange qu’en y ajoutant beaucoup d’eau, c’eſt-à-dire, en noyant la chaux, ce qui lui ſort toute ſon aptitude à s’incorporer avec le ſable, & qu’elle auroit, ſi on la corroyoit & ſi on ne la délayoit pas.

Cet outil m’a toujours étonné par ſa ſingulière conſtruction ; c’eſt un petit morceau de bois qui reſſemble à un moignon qui tient à un grand manche : on l’appelle improprement rabot, du mot latin rutrum dont ſe ſont ſervis Vitruve & Pline ; je lui conſerverai ce nom uſité, & je lui en ajouterai un autre plus ſignificatif, qui ſera celui de broyon.

Le rabot ou broyon dont j’ai fait & ferai toute ma vie uſage pour broyer le mortier, doit être conſtruit comme les figures 1 & 2, 3 & 4, deſſinées dans la planche XI. Voy. à la fin du préſent cahier.

La figure première repréſente le broyon vu par côté ; la deuxième, vu en face : cet outil n’eſt autre choſe qu’une grande pelle de fer. Voy. la fig. troiſième faite ſur la même échelle, & on recourbe cette pelle, comme on le voit auſſi dans la fig. quatrième.

Pour faire faire cet outil à un forgeur, on lui dira qu’il doit donner à la longueur de la pelle 24 pouces ; à ſa largeur par le haut 9 pouces & celle du bas 2 pouces, puis il arrondira la partie inférieure. Pour plus d’éclairciſſement, on fera forger cette pelle telle qu’elle eſt deſſinée & cotée dans la planche XI, fig. 2 ; & comme ces deſſins ainſi que tous ceux que j’ai donnés & donnerai, ſeront bien réguliers & les échelles juſtes, chacun peut ſe ſervir d’un compas pour prendre les meſures ſur mes planches, lorſqu’il ne ſaiſira pas bien le diſcours.

Après avoir ainſi forgé cette pelle droite ou à plat,