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application, & contenant par ſa fabrication beaucoup de paille, occaſionne le ſéjour habituel des rats & des ſouris, des puces & des punaiſes, dont les maiſons de ce genre ſont infectées.

Le torchis, à la deſſication ſe reſſerrant, ſe ſépare des pans de bois, & laiſſe par-là circuler un air dangereux qui occaſionne de fréquentes fluxions, des maux d’yeux, des maladies de toutes ſortes, aux gens qui habitent ces maiſons.

Le bois, à ſon tour, en ſéchant, laiſſe échapper les petites traverſes, & j’ai fréquemment vu des maſſes de torchis tomber d’entre les deux montans qui le contenoient, conſéquemment point de sûreté dans ſa maiſon ; car on juge facilement d’après cela que rien n’eſt plus aiſé que la démolition ſans bruit d’une maſſe de torchis, qui ayant 12 à 15 pouces de large entre les montans, laiſſe une plaie ſuffiſante pour le paſſage d’un malveillant qui voudroit s’introduire.

Les réparations ſont continuelles, les bois ſe pourriſſent rapidement, la deſſication, étant très-longue par une terre pétrie ou baignée d’eau, fait qu’il eſt toujours dangereux d’habiter ces maiſons trop tôt ; la fermentation produite par la chaux & la balle qui entre dans la compoſition du mortier de revêtement, laiſſe long-tems une odeur fétide & dangereuſe.

Les pluies & les brouillards imbibent les parties de paille ou de balle qui reſſortent peu après la conſtruction, paſſent entre les montans & le torchis qui ſe déjoignent, & renouvellent fréquemment une fraîcheur funeſte dans ces cloiſons.

Si ces maiſons ſont conſtruites depuis un certain tems, elles deviennent très-périlleuſes, parce qu’elles ſont ſujettes à s’écrouler ſans avertir, les bois étant tous pris à mortaiſes & tenons, & le torchis