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15 pouces les uns des autres : cette charpente ainſi enjambée eſt arrêtée par de petites chevilles formant l’échelle, & ces dernières ne ſont ajuſtées qu’au moyen d’une coche que l’ouvrier torcheux fait à chaque montant : cet ouvrage achevé, on fait le torchis avec de la terre franche (toute autre terre ne vaut rien, elle ne tiendroit pas.) Lorſque les ouvriers l’ont pétrie en boue très-claire, ils y répandent une quantité de paille d’avoine ou de foin, ſuffiſante pour lier le tout enſemble, en la pétriſſant de nouveau avec les pieds : deux ouvriers enſuite ſe placent des deux côtés de la cloiſon, & poſent le torchis en l’entrelaçant dans les traverſes, l’alongent & l’étendent du haut en bas avec les mains. Malgré les précautions qu’on pourroit exiger des ouvriers, il y a toujours infiniment de vides, & toutes les parties en ſont chambrées en tout ſens : après cette opération, & lorſque la ſuperficie eſt à moitié ſèche, on recouvre le torchis avec un autre mortier qui ſe fait de terre franche, de chaux & de balles d’avoine. Ce mortier s’applique avec la truelle, & ſert à recouvrir la ſurface du torchis juſqu’à l’épaiſſeur des montans.

Voilà la manière de conſtruire en torchis : il s’agit maintenant de démontrer les inconvéniens qui en ſont inſéparables.

D’abord la dépenſe indiſpenſable de la charpente s’élève ſeule plus haut que le prix d’une maiſon de pareille forme conſtruite en piſé, ſuivant le procédé de M. Cointeraux, & fait une conſommation conſidérable de l’objet auquel nous devons d’autant plus d’attention, que nous regrettons tous les jours de voir nos forêts ſe dépeupler & ſe tarir au point de nous en faire redouter la pénurie.

Le torchis, laiſſant toujours des vides dans ſon