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utilement à toute eſpèce de bâtiſſes, & joindre l’économie aux formes de l’architecture.

J’ai bien vu (c’eſt l’auteur du mémoire qui parle) dans les provinces de Champagne, de Picardie, de Normandie & autres, quelques mauvais murs de jardin conſtruits en ce genre ; mais il faut leur donner une baſe du double de leur épaiſſeur au ſommet : ces murs n’ont ordinairement que 5 à 6 pieds de hauteur ; il ſeroit impoſſible de leur faire ſupporter aucune charge, ils éboulent d’eux-mêmes en peu de tems malgré les ſoins des propriétaires, un hiver humide les détruit ſans reſſource.

En ce qui concerne le torchis des bâtimens, il faut preſque toujours pour le ſoutenir une charpente : je vais avoir l’honneur de vous donner, MM. une idée de la conſtruction en torchis, telle qu’il s’emploie dans les différentes provinces où on en fait uſage ; je vous détaillerai enſuite une partie des inconvéniens qui réſultent de cette conſtruction vicieuſe & onéreuſe, & je finirai par dire deux mots ſur le piſé pour établir la comparaiſon.

Pour conſtruire une maiſon en torchis, il faut d’abord faire la carcaſſe d’une charpente dont les montans ont 3 à 4 pouces d’équariſſage ſur 7, 8 à 9 pieds de long ; ces montans ſont entretenus perpendiculairement avec des tenons par le haut & par le bas, qui entrent dans des mortaiſes percées dans des traverſes de 7 à 8 pouces de groſſeur, & le tout eſt ſoutenu de diſtance en diſtance par des jambes de force qui croiſent les montans diagonalement ; ſi on conſtruit pluſieurs étages, la même opération ſe répète, & la ſolive tranſverſale qui les ſépare, eſt percée également de mortaiſes pour recevoir les montans du premier étage ; tous ces montans, jambages ou membrures ſont diſtans de 12 & même de