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font jamais faire, aimant mieux ſupporter des pertes annuelles, que de ſe mettre entre les mains des ouvriers. A préſent qu’ils ſeront inſtruits de la promptitude du travail & de ſon économie, j’eſpère qu’ils ſe livreront à ces petites entrepriſes, vu qu’ils peuvent inſérer, dans le marché qu’ils contracteront avec les maîtres maçons, que l’ouvrage ſera commencé tel jour pour être fini & parachevé à tel autre jour, ſous peine de leur faire ſupporter la perte qui réſulteroit de leur négligence.

Ajoutons que l’art du piſé a de grands avantages ſur la maçonnerie : celle-ci fait éprouver mille embarras ; elle exige l’extraction des pierres, leur tranſport & leur voiture ; & ſi l’on veut faire conſtruire promptement une maiſon ou des murs de clôture, il faut s’y prendre long-tems d’avance pour les achats des matériaux & leur préparation : les approviſionnemens conſiſtent en pierre, en ſable, en chaux, en échafaudages conſidérables ; & toutes précautions que l’on prenne, il eſt difficile de doubler le nombre des ouvriers, parce qu’il manque toujours quelques matériaux, tandis que le ſeul qui ſuffit à la conſtruction du piſé ſe trouve partout, à toute heure, à tout moment ; & ſi on n’a pas l’entier bonheur de rencontrer toute la terre à pied d’œuvre, on en eſt quitte d’en voiturer une petite partie de meilleure. Qu’on ajoute à ces réflexions qu’il faut de l’eau pour faire le mortier, & que la plupart du tems on en manque dans un champ où l’on veut bâtir ; qu’on faſſe attention que l’on ne peut raiſonnablement ſe paſſer de chaux, autrement on fait de la maçonnerie qui ne vaut rien, abſolument rien lorſqu’on n’y emploie que la terre pétrie en guiſe de mortier, en chaux & ſable ; qu’on ſe rappelle auſſi qu’il faut acheter la chaux & bien ſouvent le ſable ; enfin que la maçonnerie exige des échafaudages & autres frais