Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans le ſol, caſſer les mottes avec la tête de la pioche ou avec les pelles pour bien diviſer la terre, la relever en tas, ce qui eſt eſſentiel & expédient, par la raiſon que les ouvriers, jetant toujours leurs pelletées au milieu de ce tas, obligent toutes les petites mottes ou grumeaux de terre, même toutes les plus groſſes pierres ou cailloux à rouler au bas de la circonférence du monceau, d’où un autre ouvrier avec un rateau les retire aiſément.

J’obſerverai que l’intervalle des dents du rateau peut ſe porter juſques à 15 lignes, afin qu’elles laiſſent échapper les pierres ou cailloux de la groſſeur d’une noix même un peu plus, et n’entraînent que ceux qui ſont plus volumineux.

Si la terre que l’on fouille n’a pas la qualité requiſe pour le piſé, ce qui eſt bien rare, & qu’on ſoit obligé d’en faire voiturer une petite portion de meilleure, alors un ouvrier pour le mélange jette en faiſant le monceau deux pelletées de celle-ci que l’on a voiturée pendant le tems que les autres en jettent cinq à ſix, ainſi plus ou moins de l’une ou de l’autre terre ſelon qu’on a reconnu la proportion du mélange qu’il faut faire.

L’on ne prépare de terre ainſi amoncelée que ce que les maçons piſeurs peuvent employer dans la journée ou un peu plus, afin qu’ils n’en manquent pas : mais ſi le tems menace de pluie, il faut avoir près de ſoi quelques planches, paillaſſons ou mauvaiſes toiles pour couvrir le monceau, afin que la pluie ne mouille pas la terre, parce qu’auſſitôt qu’elle a cessé, les ouvriers recommencent à piſer ; ſans cette précaution le travail seroit retardé ; car on doit ſe rappeler ici que l’on ne peut ſe ſervir de la terre que lorſqu’elle n’eſt ni sèche ni mouillée ; ainſi ſi la pluie avoit baigné la terre que l’on a préparée pour le piſé,