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les plus profondes, ſoit dans les plaines les plus vaſtes, ſoit en un mot dans les déſerts : on ſait que dans ces lieux trop éloignés des maiſons habitées, ſi on y veut conſtruire des chaumières, des fermes ſuivant l’uſage ordinaire, il faut ſonger à s’y pourvoir de tout, parce qu’il y manque de tout, juſqu’à l’eau : avec le piſé on n’a point cette idée déſeſpérante, on poſsède dans le moment tout ce dont on a beſoin ou à quelque choſe près pour bâtir, les ouvriers n’ont qu’à ſe rendre ſur les lieux avec leurs légers outils, ils bâtiſſent ſur-le-champ ſans embarras & ſans eau.

Cet art ſimple, oublié dans un coin de la France, auroit été bien avantageux pour éviter des dangers auxquels des hommes malheureux ont été expoſés. J’ai vu des habitans dans les Alpes grimper ſur des rochers, preſque inacceſſibles, en riſquant d’y perdre la vie, à l’effet d’y aller recueillir des foins & des grains qui croiſſent ſur des plaines qui ſe trouvent ſur ces hautes montagnes : ces pauvres gens pour gagner ces récoltes, y ſéjournent quantité de jours & eſſuient toutes les injures du tems ; s’ils avoient ſu pouvoir s’y former des habitations avec tant de facilité, ils s’y ſeroient établis & ne ſeroient plus aujourd’hui dans la misère : on y verroit maintenant des bourgades heureuſes & plus de richeſſes dans la patrie ; j’ai donc bien penſé de n’avoir pas fait comme mes concurrens qui ſe ſont contentés de reſter chez eux & d’envoyer, ſuivant la vieille coutume, leurs mémoires pour concourir au prix de la queſtion contre les incendies ; j’ai voulu voir par mes yeux tous les uſages qu’on employoit dans la campagne ; à cet effet, j’ai viſité la cabane du pauvre pour ſavoir comment il y vivoit, comment il la bâtiſſoit ; il eſt tems enfin pour le bien de la nation de mettre à profit le réſultat de