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la pouſſière des chemins auxquelles on ajoutera des plâtras ou des décombres, & il eſt bon d’obſerver en paſſant qu’on peut s’éviter de pulvériſer ces derniers, puiſque des éclats de pierres ou de petits cailloux de la groſſeur d’une noix ne peuvent nuire à la bonté du piſé, au contraire, ſervent à reſſerrer la terre intimement entr’eux, comme je viens de l’expliquer.

Dans les pays maigres, tels que ſont les ſablonneux ou autres, & où on ne peut ſemer que du ſeigle, de l’avoine ou autre denrée de médiocre qualité, on fera des fouilles à proximité de la maiſon ou des murs de clôture que l’on aura à conſtruire ; & ſi les terres qui en proviendront n’ont pas la qualité ſuffiſante, on en fera voiturer de meilleure en petite quantité, en la faiſant prendre dans les lieux écartés & que j’ai ci-devant déſignés, à l’effet d’uſer d’autant d’économie qu’on pourra.

Dans les plaines arides & ſablonneuſes, on a ſouvent la reſſource des pieds des côteaux, des bords des rivières, des fonds des vallées les plus voiſins, d’où l’on peut faire voiturer de la bonne terre pour le piſé. J’ai reconnu, par exemple, que les rives de la Seine & de la Saône en contiennent beaucoup ; & j’ajoute que les limons ou bourbes des rivières contribuent à rendre la terre propre au piſé : on peut trouver quelquefois des terres graſſes ou onctueuſes dans les foſſés, dans les chemins & tous lieux bas ; finalement par-tout on peut faire fouiller dans le ſein de la terre ou faire voiturer la petite quantité dont on aura beſoin pour bâtir en piſé.

L’avantage le plus eſſentiel que ce genre de conſtruction peut procurer à un peuple, dans quelque partie qu’il habite dans l’univers, eſt celui de pouvoir conſtruire par-tout des logemens, granges & écuries, ſoit ſur les plus hautes montagnes, ſoit dans les vallées