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pète, que l’on peut faire avec la terre ſeule des bâtimens qui durent plus de deux cents ans, & que lorſqu’il ſe trouve dans la terre de petits cailloux ou graviers, on fait des murs qui ſont ſi difficiles à percer : en voici la cauſe.

L’ouvrier piſeur, battant ſans ceſſe, attrape par fois avec ſon piſoir un caillou ou un gravier, ce qui l’enfonce dans la terre au même inſtant qu’un autre reçoit un autre coup qui l’oblige auſſi de chercher un gîte, d’où tous deux ſont bientôt dérangés pour s’enfoncer plus avant & obliquement, juſques à ce que les coups redoublés du piſoir les aient forcés de ſe ranger chacun dans une place d’où ils ne peuvent plus remuer : la terre compriſe entre ces graviers, ſe trouve non-ſeulement bien comprimée par le piſoir, mais encore elle ſe trouve ſingulièrement ſerrée entr’eux : c’eſt ce qui fait que le piſé bâti avec la terre graveleuſe acquiert une ſi grande dureté, qu’après un ou deux ans, il faut pour le rompre y mettre le ciſeau, tout de même qu’on taille les pierres.

Puiſque le mélange des terres eſt néceſſaire pour faire de bon piſé, il préſente donc une économie à tous les propriétaires, ſur-tout à ceux qui n’ont pas ſous la main dans leur poſſeſſion la terre de la qualité requiſe. On en ſent la raiſon : ſur un tombereau de terre graſſe ou onctueuſe qu’on ſera forcé bien ſouvent de faire voiturer de près ou de loin, on pourra, en le mélangeant, employer trois, même juſques à quatre ou cinq autres tombereaux de terre qui ſe trouvera ſur le lieu du bâtiment qu’on aura à faire.

Mais ſi le pays eſt gras, (c’eſt ainſi qu’on appelle ceux qui abondent en terre graſſe, franche, glaiſe ou argille, & où l’on confond tous ces noms) ſi le pays eſt gras, dis-je, ou ſi la nature des terres eſt tenace, on les mélangera avec de la terre plus maigre, même de