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Du mélange des terres pour le pisé.

Ce mélange eſt facile & ſe conçoit aiſément.

Les terres graſſes doivent être corrigées par celles qui ſont maigres ; cela eſt d’ailleurs néceſſaire pour prévenir les fentes & crevaſſes qui, ſans ce mélange, ſe manifeſteroient ou arriveroient.

D’où il réſulte que

Les terres à briques, à tuiles, à four & à poterie, les terres graſſes, fortes, glaiſes, franches, végétales & marneuſes, ainſi que toutes les argilles,

Doivent être mêlées avec

Les terres maigres, légères, poreuſes, friables, ſavonneuſes, leſſivées, crayonneuſes, tuffières, ſablonneuſes, même tourbeuſes[1], & on peut y ajouter de petits graviers ou petits cailloux, des démolitions de mortiers ou des plâtras, ainſi que toutes ſortes de décombres du règne minéral, mais jamais des règnes végétal & animal[2].

Plus les terres ſont graſſes, glaiſeuſes, marneuſes ou

  1. Pourquoi ne ſe ſerviroit-on pas des terres tourbeuſes pour bâtir des murs lorſqu’on en manque d’autres ? Cette nature de terre ſe prête, comme l’on ſait, à former des corps ou petites maſſes que l’on moule & dont les mottes ſervent de combuſtibles ; pour ajouter à leur denſité médiocre & ſortir leur grande inflammabilité, on doit faire le mélange ci-deſſus indiqué.
  2. Le piſé ne ſouffre point, comme le torchis, aucun des végétaux, ni animaux ; dans celui-ci on met, pour faire criſper la terre pétrie contre les pans de bois & leurs lattes, de la paille ou du foin hachés, du poil, de la bourre ou de la laine ; au contraire les ouvriers piſeurs ont la plus grande attention dans