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pignons pour les pentes du toit ; ainſi le lecteur, au moyen de cette planche, peut ſe figurer la forme de cette maiſon qui a ſes planchers poſés ſans toit, ainſi que les encadremens des portes & fenêtres, juſqu’aux troux du moule qui ſont à jour.

Voilà le cinquième hiver que cette conſtruction toute nue eſt expoſée à toutes les injures du tems : pluies, neiges, ſéchereſſes, vents, orages, en un mot à toutes les intempéries qu’a eſſuyée annuellement cette maiſon de terre, iſolée dans un vaſte terrein & preſque ſur le bord de la ſeine : chaque année je ne manque pas de viſiter cette bâtiſſe ; toujours je la vois dans le même état & j’attends encore ſon éboulement. »

Qui auroit jamais pu croire que des murs de terre ſans couverture & ſans enduit, puſſent réſiſter ſi longtems aux rigueurs de notre climat ? D’après ce fait, qu’il me ſoit permis d’expoſer mon idée ſur la théorie du piſé : on prend de la terre fraîche, c’eſt-à-dire, ni mouillée ni sèche, telle qu’elle ſe trouve ſur le ſol : on la tranſporte dans le moule & on n’en bat que peu à-la-fois ; voy. le premier cahier, pag. 23 & ſuiv., c’eſt là toute la ſcience.

A-t-on jamais vu au monde rien de plus ſimple ? Cette ſeule manœuvre ſi extraordinaire, ſi facile, eſt cependant la baſe de millions de travaux & de toutes les eſpèces que les nations éclairées peuvent employer pour le ſervice & pour le bonheur des hommes. Mais d’où vient que le piſé par un procédé ſi innocent renferme tant d’avantages & ſe conſolide à un degré ſuffiſant à nos beſoins ? Il ſemble que ſa dureté ne provient principalement que de la privation de l’air qui eſt chaſſé par la preſſion des coups du piſoir ; car un monceau de terre mouvante ou non piſée, eſt