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dans ſon jardin, près la barrière du Trône, & malgré la grande quantité d’eau qu’il fait tirer journellement, ſes puits tout nuds, puiſqu’ils ne ſont revêtus d’aucune maçonnerie, ne ſe ſont point dégradés : à l’autre côté oppoſé au fauxbourg St. Antoine, dans le Roule, il exiſte quantité d’autres puits très-profonds, creuſés tout ſimplement dans le ſol ſans maçonnerie ; ceux-ci ſont percés dans le tuf, par conſéquent plus ſolides que ceux de M. Vilmorin.

La nature fait donc du piſé ; ſi tous ſes ouvrages ſont ſolides, s’ils durent des ſiècles, nous pouvons croire que le piſé fait avec plus de ſoin par la main habile de l’ouvrier doit être meilleur.

En outre le piſé fait induſtrieuſement, eſt & doit être toujours tenu à couvert ; mais ſans cette prudente précaution à laquelle les ouvriers au fait de cette bâtiſſe ſont accoutumés, il paroît que le piſé peut ſe ſoutenir très-long-tems ſans couverture, ce qui doit doublement raſſurer ſur la crainte qui paroît fondée aux perſonnes qui ne connoiſſent pas cet art, & qui par cette raiſon penſent que des familles devroient être écraſées en logeant dans des maiſons qui ne ſont bâties qu’avec la terre : en voici la preuve.

« Un pariſien étoit venu dans le Lyonnois & y avoit appris que l’on pouvoit faire des maiſons avec la terre ſeule ; il n’eut rien de plus preſſé à ſon retour que de faire exécuter le piſé ; à cet effet, il entreprit de bâtir par cette méthode une maiſon à Paris, au Gros-caillou, près de l’hôtel-des-invalides ; ſes facultés ne lui ayant pas permis d’y poſer le toit, cette maiſon en a toujours été privée ; en un mot, ce piſé n’a jamais eu de couverture.

La planche ſixième du premier cahier repréſente exactement la véritable ſituation de ce bâtiment & ſon deſſin, ſes murs découverts avec ſes pointes ou