Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour leur habitation, dans la terre, des antres & cavernes pour ſe garantir des intempéries & des cruels animaux ? ces demeures ſe ſoutenoient ſans murs & ſans voûte : la maſſivation naturelle en faiſoit donc toute la conſiſtance.

La terre ſuperficielle de ce globe, toujours preſſée par les pluies, les vents & ſon propre poids, a été comprimée de telle manière que dans les cantons où les hommes n’ont jamais fouillé ou n’ont fait aucun rapport de terre, il eſt difficile de la rompre avec les fers les plus aigus & les plus tranchans ; c’eſt une vérité que tout le monde reconnoît dans les pays ſauvages que l’on défriche : voilà encore le principe reconnu de la maſſivation ou de l’art du piſé, & la raiſon pour laquelle on a beaucoup de peine à percer un mur de piſé lorſqu’il eſt bien fait & la terre qu’on a employée de bonne qualité ; c’eſt ce dont chacun ſe convaincra lorſqu’il fera rompre un mur de piſé pour y pratiquer après coup une porte ou une fenêtre qu’on aura oublié de faire à une maiſon.

Les montagnes & les côteaux, les vallées & les collines, les tertres ou éminences de terre qui ſont depuis des ſiècles battus par les orages, ſur leſquels les eaux ont continuellement coulé, ou été pompées par les ardeurs du ſoleil, & dont le poids énorme n’a ceſſé de comprimer la terre, ont été, dans des milliers d’occaſions & pour une infinité de beſoins, creuſés pour y pratiquer des ſouterreins ſans qu’on ait été obligé d’y faire aucune maçonnerie pour les ſupporter.

Combien eſt-il de nos lecteurs qui connoiſſent des caves ainſi exécutées ſous terre & qui ſervent aux générations des familles, ſans avoir été obligé d’y faire aucune réparation, ſur-tout lorſque l’adreſſe des terraſſiers ou pionniers a fait fouiller ces caves ou