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les perſonnes en place en ſentiſſent toute la conſéquence.

Il m’eſt auſſi arrivé de voir les habitans de la Picardie, qui n’avoient jamais vu ni entendu parler de cette ſingulière conſtruction, n’oſer s’approcher d’une maiſon de piſé que je leur faiſois pour modèle, quoiqu’elle fût bien baſſe, ſeulement d’un étage, de peur, diſoient-ils, d’être écraſés par la chute des murs qui n’étoient que de terre, à l’inſtant qu’ils en ſeroient près.

Je puis aſſurer que la maſſivation bien faite de la terre & les diverſes reſſources qu’on peut employer dans ce genre de conſtruction, procurent la plus grande ſolidité & toute la ſécurité qu’on peut deſirer dans des logemens qu’exigera l’économie. On n’emploie, cependant, pour le piſé qu’une terre preſque sèche, puiſqu’on ne la prend, pour avoir un peu de fraîcheur, qu’au-deſſous de deux à trois pieds de profondeur dans le ſol ; cette humidité naturelle paroît ſuffire pour lier intimement, par l’effort du piſoir, toutes les particules de cet élément : mais cette opération manuelle n’eſt pas la ſeule cauſe qui produit des corps ſolides imitant la denſité des pierres blanches ; il faut croire à une opération inviſible qui ne provient ſans doute que d’une eſpèce de gluten que le créateur a donné à la terre. Le piſé, par ces deux agens, l’un manuel, l’autre divin, acquiert aſſez de conſiſtance dans peu de jours pour ſupporter les plus grands fardeaux : le lecteur en va juger.

Le premier pan d’un mur A, (voy. les planches 5 & 6 du premier cahier) ſupporte tout le poids des autres pans de piſé placés ſur lui, mais encore les planchers & le toit. Ainſi qu’on ſe figure une maiſon de trois étages, telle que celle qui eſt repréſentée ſur