Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

reſſantes ; l’économie en doit faire faire le choix. Je l’indiquerai par les prix de chaque toiſe comparée l’une à l’autre ; j’indiquerai les cauſes & les cas qui doivent faire donner la préférence à l’une de ces deux méthodes pour tout ce qui concerne les granges, celliers, caves, cuves, foudres & tous bâtimens quelconques, ainſi que pour tout ce qui regarde les clôtures, travaux & outils de la campagne. Paſſons maintenant au troiſième procédé.

De la massivation de la terre, ou du pisé.

La maſſivation de la terre ſeule, ou le piſé ſans matériaux, ni aucun agent, c’eſt-à-dire, ſans pierres, ni mortier, conſiſte ſimplement & uniquement dans la main-d’œuvre.

Mais comment concevra-t-on que la conſtruction, qui n’eſt faite qu’avec la terre, qu’avec ce ſeul agent, ce ſeul élément, puiſſe prendre aſſez de conſiſtance pour faire des maiſons fort hautes ?

Il m’eſt arrivé de voir des entrepreneurs de Lyon, le plus au fait du piſé, grandement ſurpris d’un bâtiment de cette eſpèce, que j’avois élevé à 40 pieds de hauteur. Un entr’autres, le plus habile dans cet art, en toiſant des yeux la grande élévation de mes murs de piſé, auxquels je n’avois donné au bas que 18 pouces d’épaiſſeur, reſtoit dans l’extaſe & diſoit que j’avois été bien hardi ; mais lorſqu’il eut bien examiné & reconnu comment je m’y étois pris, il convint avec ſes confrères de la ſolidité de ma maiſon, & avoua ma ſupériorité dans ce genre de conſtruction. Il n’eſt aucun de ces entrepreneurs qui ne fût bien charmé que j’enſeignaſſe toute la ſcience que j’ai acquiſe par une longue expérience & par une théorie qui m’eſt particulière ; & il ſeroit bien à ſouhaiter que